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lundi 21 avril 2014

La Charte, le vote, nous et "les autres"

Bonjour,

Voici le lien à l'article publié dans La Presse de samedi dernier le 19 avril, portant sur le vote des non-francophones et son impact dans la région de Montréal.


Le vote, la Charte, nous et "les autres"

Les estimations sont basées sur les relations entre la proportion de francophones dans les circonscriptions et le vote enregistré. Ce n'est pas l'idéal mais c'est la seule information disponible et elle donne des estimations similaires à celles obtenues par les sondages.

Au plaisir

mercredi 9 avril 2014

Lendemain de veille - vive la moyenne des sondages

Bonjour,

Vient le temps de faire le bilan de la performance des sondages de la dernière élection, une performance tout à fait acceptable en général mais qui ne doit pas nous empêcher de chercher plus loin. Est-elle acceptable pour tous, pour toutes les régions? C'est ce que je regarde dans ce billet. Dans mon prochain billet, j'analyserai la performance pour ce qui est de l'estimation du vote des francophones.

La performance générale

Voici le graphique que j'ai publié le 7 avril incluant tous les sondages publiés, à l'exception du sondage Angus-Reid puisque celui-ci ne comprenait pas les informations de base me permettant de faire une répartition non proportionnelle des discrets. Pour mémoire, j'attribue 50% des discrets au PLQ, 25% au PQ et 25% à la CAQ. Je n'attribue aucun discrets aux petits partis. Cette répartition donne une prédiction très proche des résultats finaux, surtout si on tient compte que les derniers sondages représentés datent de jeudi dernier, soit trois jours avant le vote et que les intentions de vote continuaient sans doute à évoluer. Elle donne environ 41,5% au PLQ et montre la CAQ et le PQ en train de se rejoindre. On note que certains sondages ont tendance à estimer le vote pour le PLQ plus élevé que d'autres mais ils se situent à l'intérieur de la marge d'erreur (après répartition non-proportionnelle des discrets).





Si j'utilise les estimations des sondages tels que publiés, la prédiction est moins bonne comme on peut le voir sur le graphique suivant. C'est surtout l'estimation de l'intention de vote pour le PLQ qui est un peu trop basse (à 40%).  De plus, la variation de l'estimation des intentions de vote est un peu élevée: Le dernier Forum place le PLQ à 44% alors que le dernier Léger le place à 38% et place le PQ à 29%. Ces trois estimations se situent en dehors de la marge d'erreur mais, dans le cas du PQ, on peut penser qu'au moment où le sondage a été fait, ce dernier était à un  niveau plus élevé qu'au moment de l'élection. De plus, comme les courbes se situent plus ou moins à la moyenne des sondages, cette moyenne est proche de la réalité.




Et les résultats par région?
Peut-on mieux comprendre comment améliorer les sondages en analysant leur performance sur le plan régional. J'ai souligné dans un message précédent que les sous-échantillons régionaux étaient assez variables, ce qui est "normal" étant donné la taille des échantillons. Il faut noter que nous n'avons pas les estimations par région pour EKOS et Angus Reid parce que leur découpage régional est différent et non comparable avec celui des autres firmes.

La région de Montréal concentre les Québécois de langue autre que française. Ces personnes peuvent être plus difficiles à rejoindre pour les sondeurs. Par ailleurs, elles peuvent également être moins portées à aller voter, ne serait-ce que parce qu'elles résident plus fréquemment dans des circonscriptions acquises au PLQ. Bien estimer le vote dans la région de Montréal constitue donc un défi pour les sondeurs. Voici ce que donne l'estimation de l'évolution des intentions de vote. On peut noter que l'estimation du vote pour le PLQ est très variable, variant de 36% (IPSOS) à 51% (Forum)  selon les sondeurs. Pour ce qui est du PQ, on trouve trois estimations à 28% et une à 21% (dernier Forum); pour la CAQ, les estimations varient de 14% à 22%. Les résultats de l'élection donnent 44,7% au PLQ, 24,5% au PQ, 19,3% à la CAQ et 8,9% à Québec solidaire. On n'est donc pas très loin du compte, en moyenne, avec une légère surestimation du PQ, toutefois. Comme il y a une variation nettement plus forte des estimations pour le PLQ, on peut penser qu'il y aurait du travail à faire pour constituer des échantillons plus représentatifs. Le graphique donne également l'estimation du vote de l'ensemble des petits partis et le situe à 11%, ce qui est tout à fait dans la marge d'erreur.


Pour ce qui est de la région de Québec, les échantillons sont habituellement très petits et donc la variation des estimations est naturellement forte. Toutefois, on arrive à une très bonne prédiction moyenne, les résultats de l'élection ayant donné 39,2% au PLQ, 17,6% au PQ et 34,8% à la CAQ.  Les deux derniers sondages donnaient 36% à la CAQ dans cette région. L'estimation du vote PLQ allait de 35% (Léger) à 39% (Forum). Québec solidaire est surestimée. Ce parti a obtenu 5,6% des voix alors qu'il constitue la majeure partie du vote aux autres partis, estimé par les sondages à 10%. Il est possible toutefois qu'il y ait eu des mouvements de dernière minute.



Enfin, pour ce qui est du reste du Québec, les résultats sont de 37,9% pour le PLQ, 29,8% pour le PQ, 23,7% pour la CAQ et 6,6% pour Québec solidaire. Le graphique montre encore là une estimation moyenne qui est très bonne. On constate une légère surestimation du PQ et de Québec solidaire et une sous-estimation du PLQ et de la CAQ, comme c'est un peu la norme lorsque les sondages ont des biais (sous-estimation de la droite, surestimation de la gauche).



En conclusion,

La performance des sondages a été bonne en moyenne. Cela souligne l'intérêt qu'il y ait plusieurs sondages en même temps, utilisant des méthodologies différentes et que l'on analyse leurs estimations conjointement. Ainsi les biais des uns compensent ceux des autres et on obtient des estimations moyennes respectables. À titre d'illustration, alors que le dernier Léger donnait 12 points d'avance au PLQ, Forum lui en donnait 20. Les résultats -- 16 points de différence -- se situent presque à la moyenne entre les deux.

Enfin, cette campagne a été marquée par l'absence de sondages pendant 10 jours à la mi-campagne, entre les deux débats, au moment où il est possible que les intentions de vote étaient en train de changer. C'est une situation à éviter si on veut donner aux électeurs une image fidèle de ce qui se passe.

lundi 7 avril 2014

Dernière mise à jour c Forum

Bonjour,

Un dernier message pour mettre à jour l'évolution générale en incluant le dernier sondage Forum. Notons que le dernier jour de terrain dans les sondages publiés est le jeudi 3 avril sauf pour Angus Reid (terminé le 4 avril). Toutefois, Angus Reid n'est pas inclus dans le graphique parce qu'il n'a pas donné les informations de base nécessaires (nombre de répondants ayant révélé une intention de vote) pour que je puisse faire une répartition non proportionnelle des discrets. De plus, Angus Reid dit qu'il utilise un modèle de probabilité d'aller voter -- Likely voter model -- sans donner la moindre information sur la manière dont il s'y prend. Bref, il ne respecte pas les normes de la profession.

Voici donc le graphique avec une répartition non-proportionnelle des discrets. Cette répartition ne change à peu près rien aux résultats récents mais elle atténue les variations entre les firmes et entre le début et la fin de la campagne.


Avec l'addition du dernier Forum, on confirme la stabilité des intentions de vote pour le PLQ après le premier débat de même que la forte remontée de la CAQ et la baisse concurrente du PQ. Si on projetait ces courbes au jour du vote, on verrait la CAQ à égalité avec le PQ. Il y aurait également une baisse des intentions de vote pour QS, susceptible toutefois de se produire surtout hors de l'île de Montréal et là où les luttes sont serrées.

Au plaisir

dimanche 6 avril 2014

Au final - trois Q&R et une prédiction

Bonjour,

Un aveu pour commencer. Autant j'étais à peu près certaine que les sondages sousestimaient le PLQ en 2012, autant je suis peu sûre de moi en ce moment. Trois questions dans ce message de blogue, sur l'évolution de la campagne, sur la participation et sur l'avenir.

Première question: Que s'est-il passé? Cette campagne ressemble beaucoup à celle de 2003, à une exception près, soit le plafonnement du PLQ et la remontée de la CAQ en fin de campagne. Notons que cette remontée se fait après que le vote anticipé a eu lieu pour près de 20% des électeurs. J'ai ajouté les événements de la campagne sur le graphique de l'évolution des intentions de vote, ce qui donne une meilleure idée de ce qui s'est passé. Les points représentent les sondages réalisés positionnés au milieu de la période pendant laquelle le sondage a été réalisé. J'ai fait une répartition non proportionnelle des discrets.



Quelques constatations:
  • D'abord, la remontée du PLQ s'amorçait avant la sortie de PKP (première ligne verticale). En fait, on peut penser que le positionnement du PQ en avance sur le PLQ en février était conjoncturelle et ne relevait pas d'un mouvement de fond. 
  • Ensuite, le plafonnement du PLQ s'amorce dès le premier débat (deuxième ligne verticale). Depuis, aucun nouveau gain mais aucune perte significative non plus.
  • Enfin, la remontée de la CAQ s'amorce après le deuxième débat (troisième ligne verticale) et se fait essentiellement aux dépens du PQ.
  • Québec solidaire est stable mais ceci cache probablement une meilleure performance dans les comtés où le parti a des chances de l'emporter, soit sur l'île de Montréal. Ces données ne sont pas disponibles, du moins pas avec suffisamment de fiabilité pour que l'on puisse les analyser.
Deuxième question: La participation avantage-t-elle un parti?

J'ai analysé les résultats des quatre dernières élections pour avoir une idée de la relation entre participation et vote. Vous pouvez trouver ma dernière analyse ici. En gros, j'avais montré que, dans l'éventualité d'une élection du PQ, les électeurs libéraux étaient mobilisés et votaient proportionnellement plus que dans les élections où ils étaient assurés que le PLQ prendrait le pouvoir. Ceci est lié au fait qu'une plus grande proportion d'entre eux résident dans des comtés acquis au PLQ et voient moins la nécessité d'aller voter lorsqu'ils sont certains que leur parti préféré sera élu.

Plusieurs éléments font penser que le taux de participation sera élevé. D'une part, le référendum est un enjeu mobilisateur pour les électeurs du PLQ et le débat sur la Charte a constitué un élément supplémentaire de motivation pour ces mêmes électeurs. D'autre part, la remontée de la CAQ fait que plusieurs comtés considérés comme acquis à un parti ne le sont plus et les partis mobiliseront donc davantage dans ces comtés. Par ailleurs, le vote par anticipation a battu des records, ce qui atteste normalement d'un intérêt à la campagne. Enfin, le fait que les media soulignent que la bataille est serrée devrait également être mobilisateur.

Mon hypothèse est que cela avantagera le PLQ pour les raisons mentionnées plus haut et que par conséquent, le PLQ sera sous-estimé par les sondages. C'est une hypothèse. :)

Troisième question: Les sondages peuvent-ils se tromper fortement comme en Alberta en 2012 et en Colombie-Britannique en 2013? Vous trouverez ici une présentation que j'ai faite concernant les sondages de l'élection canadienne de 2011, des élections d'Alberta et du Québec en 2012 ainsi que de l'élection de Colombie Britannique en 2013.  

Quatre observations:
  • La première est que les sondages québécois ont déjà fait des erreurs mais jamais de l'ampleur de ce que nous avons vu dans les campagnes d'Alberta et de Colombie-Britannique. On parle de 17 points d'erreur au total en Alberta et 10 en Colombie-Britannique. La sous-estimation du PLQ au Québec donne au maximum une erreur totale de 4 à 6 points.
  • La deuxième est que les sondages ne sous-estiment pratiquement jamais l'électorat à gauche. C'est également le cas généralement dans d'autres pays européens et aux États-Unis. L'exception à la règle est l'Alberta où la gauche a été sous-estimée mais dans ce cas, la gauche était... le parti Conservateur (comparé au Wild Rose). Et donc, au Québec, le PQ et Québec solidaire peuvent être surestimées, le PLQ et la CAQ, sous-estimés.
  • La troisième est que dans les trois élections provinciales, il y avait un parti qui avait été longtemps au pouvoir (Libéraux au Québec et en Colombie-Britannique, Parti conservateur en Alberta) dont les électeurs étaient majoritairement insatisfaits et les sondages montraient une volonté de changement. Et dans les trois élections, c'est le parti au pouvoir depuis longtemps qui a été sous-estimé. Nous ne sommes pas dans cette situation actuellement.
  • La dernière est que les sondages WEB se différencient habituellement par une plus forte surestimation de la gauche. Toutefois, cette situation ne s'est pas produite au Québec dans les élections fédérales de 2011 et québécoise de 2012.
L'inconnue est la possibilité réelle que les mouvements dans les intentions de vote se poursuivent. Toutefois, si c'est le cas, cela peut toucher seulement 80% des électeurs puisque près de 20% ont déjà voté. Donc, l'effet est atténué.

Bref, si on se fie à l'histoire, aux recherches et aux analyses empiriques, les sondages devraient être assez fiables. Ils peuvent sous-estimer certains partis mais ça devrait rester à l'intérieur de la marge d'erreur.

En conclusion, une prédiction

Ma meilleure prédiction est probablement celle que j'ai fait en début de campagne "Tout peut arriver", à laquelle je rajoute quand même "ou presque". Je viens de regarder les Coulisses du Pouvoir et j'ai constaté que mes prédictions sont tout à fait en ligne avec celles des analystes réputés :). Je peux peut-être prédire ce qui ne peut pas arriver, comme une remontée de Québec solidaire -- demeurée stable pendant toute la campagne.

Par contre, dans les deux élections québécoises où j'ai fait un sondage post-électoral (2007 et 2012), j'ai constaté un mouvement de fin de campagne vers le PQ. S'agit-il d'une tendance de certains électeurs de dire qu'ils ont voté pour le PQ même si ce n'est pas le cas? Difficile à dire. Toutefois, si ce mouvement est avéré, cela signifie que le PQ est encore plus surestimé que l'on croit par les sondages pré-électoraux. Au final, il est toujours possible que le PLQ soit sous-estimé mais cette fois-ci, il pourrait être accompagné de la CAQ étant donné les mouvements de fin de campagne.

samedi 5 avril 2014

Der de der - A quoi se fier?

Bonjour,

J'ai inclus pour ce dernier message les derniers sondages de EKOS et de Léger. J'analyse les sondages publiés depuis janvier pour avoir une idée de l'évolution générale, y compris avant la campagne. La présentation se fait en trois temps: Le total, les francophones, les trois grandes régions.

Au total,

La bonne nouvelle est que les firmes font une évaluation très similaire de l'évolution et de l'état actuel des intentions de vote, quelle que soit la méthode utilisée (Web pour Léger, Crop et Ipsos, téléphone automatisé pour Forum et EKOS) et ceci même si les deux derniers sondages utilisent des méthodologies très différentes: Le sondage EKOS est fait sur huit jours en téléphonique automatisé alors que le sondage Léger est fait sur deux jours en panel WEB.

Voici une illustration de l'évolution des intentions de vote telles que publiées. Notons que depuis le CROP publié le 18 mars, sept des huit sondages publiés ont mis le PLQ entre 37% et 41%. Seul Forum fait exception avec 45% le 20 mars. Pendant ce temps, le PQ serait passé de 36% à 29% et la CAQ, de 13% à 23%. Les intentions de vote pour Québec solidaire sont tout aussi stables que celles du PLQ. La récente montée de la CAQ se fait donc essentiellement aux dépens du PQ.



Et les discrets? À toutes les élections, j'ai fait une répartition non proportionnelle des discrets pour tous les sondages avec un certains succès. Notons que cette répartition change peu les intentions de vote quand 1) il y a peu de discrets (ce qui est le cas des derniers sondages) et 2) quand les intentions de vote se répartissent de façon très similaire à ma répartition (soit 50% PLQ, 25% PQ et 25% CAQ). La répartition proposée permet de corriger pour plusieurs phénomènes qui ont fait que, généralement, le PLQ est sous-estimé dans les sondages. Elle corrige également pour le fait qu'il est arrivé à la CAQ d'être sous-estimée également. Certains m'ont fait remarquer qu'avec les mêmes arguments que j'ai avancés pour le PLQ, on pourrait penser que le PQ serait surestimé cette fois-ci. Hypothèse à considérer mais peu plausible. La seule fois où les sondages ont sous-estimé le PQ, c'était en 2008 alors que le PLQ était clairement en terrain majoritaire et que le taux de participation a été très faible. Or cette fois-ci, le PLQ n’apparaissait pas comme un gagnant sûr en début de campagne et le taux de participation s'annonce élevé. On verra lundi si j'ai eu raison.

Voici donc  l'illustration des intentions de vote avec répartition non proportionnelle des discrets. Peu de différence avec le graphique précédent sinon que le PLQ se situe plutôt autour de 40% et que la chute du PQ apparaît moins prononcée (de 34% à 29%) tout comme la montée de la CAQ (de 15% à 24%).  Selon ce modèle, les intentions de vote seraient à 40% pour le PLQ, à 29% pour le PQ, à 24% pour la CAQ et à 8% pour Québec solidaire. Dans le simulateur de Bryan Bréguet - Si la tendance se maintient --, ça donne 69 PLQ, 43 PQ, 11 CAQ et 2 Québec solidaire soit un comté de plus au PLQ et un de moins à la CAQ que si on utilise les chiffres avec répartition proportionnelle.


Et les francophones

J'inclus le graphique pour les francophones par souci de cohérence (je l'ai inclus précédemment). Toutefois, les résultats, en particulier pour le PLQ, varient tellement entre les firmes qu'il est permis d'avoir des doutes importants sur leur fiabilité. Si la tendance apparaît claire, il demeure qu'il s'agit d'une tendance moyenne -- "les pieds dans la glace et la tête dans le four, en moyenne on est confortable" -- et que certaines firmes placent le PLQ nettement en avance ou à égalité avec le PQ alors que d'autres mettent le PQ en avance. À titre d'exemple, l'estimation des intentions de vote pour le PLQ varie entre 30% et 42% depuis le dernier CROP publié le 18 mars.

Pour ce qui est des trois derniers sondages -- l'information n'est pas disponible pour EKOS --, le PLQ est estimé entre 29% et 39%, le PQ entre 30% et 35% et la CAQ entre 20% et 27%. Étant donné la taille des échantillons, il s'agit de variations "anormales". Je pense que cela peut dépendre de plusieurs facteurs que toutes les firmes devraient regarder sérieusement.


Les variations régionales

Les intentions de vote par région sont intéressantes parce qu'elles nous permettent de voir si les résultats pour l'ensemble du Québec cachent des variations différentes selon les régions.

Dans la RMR de Montréal, on note une tendance assez similaire à la tendance nationale. Notons toutefois que nous ne pouvons inclure les données du dernier EKOS dont le découpage régional est différent des autres firmes ni le Léger publié le 25 mars pour les mêmes raisons. IPSOS nous a gracieusement fourni les estimations pour les régions "traditionnelles". L'évolution semble être la même dans la région de Montréal que dans le reste du Québec même si la CAQ apparaît moins forte. Toutefois, ceci cache des différences entre l'île de Montréal où ce dernier parti est très faible (9% selon IPSOS et 14% selon EKOS) et le reste de la RMR où il est nettement plus fort (à 22% selon IPSOS, à 27% selon EKOS).

Dans ces données également, on note une forte variation dans l'estimation des intentions de vote pour le PLQ. Ceci est lié à l'estimation de l'intention de vote des non-francophones qui constituent plus du tiers de cette population. Cette estimation varie entre 71% (Léger et CROP) et 88% (FORUM) selon les firmes.


Le reste du Québec comprend toutes les régions à l'exception des RMR de Montréal et de Québec. Le graphique illustre l'évolution des intentions de vote. Encore là, l'évolution semble la même que pour l'ensemble du Québec avec une stabilisation récente du vote PLQ et une remontée de la CAQ. Le PQ se retrouve environ cinq à six points derrière le PLQ et la CAQ à dix points derrière.


Pour ce qui est de la RMR de Québec, j'inclus le graphique mais il faut noter que la taille des échantillons est très petite et les variations dans les estimations très importantes. Encore là toutefois, on constate des évolutions très similaires à celles constatées pour l'ensemble du Québec. La principale différence est que les intentions de vote pour la CAQ sont plus élevées que celles du PQ. La dernière estimation du sondage Léger mettant la CAQ au même niveau que le PLQ apparaît toutefois différer de celle des autres firmes qui donnent plutôt une avance de 10 points au PLQ sur la CAQ.


En conclusion,

Les dynamiques régionales apparaissent très similaires à la dynamique générale, le PLQ ayant fait des gains partout. Le PLQ est à 40% dans les deux RMR mais plus bas, à 36% environ dans le reste du Québec. Le PQ apparaît quant à lui autour de 30% dans la RMR de Montréal et dans le reste du Québec mais à 20% seulement dans la RMR de Québec. Enfin, la CAQ, autour de 20% dans la RMR de Montréal et le reste du Québec, se démarque dans la RMR de Québec avec des intentions de vote autour de 30%. Je laisse les spécialistes du transfert en nombre de sièges décoder les impacts possibles.

Les sondages prédiront-ils bien le vote? Il y a une assez bonne concordance entre les estimations, ce qui est bon signe. Par contre, la situation est en évolution, plus particulièrement pour ce qui est des intentions de vote pour la CAQ et pour le PQ. Ceci peut réserver des surprises lundi et inciter au vote stratégique dans certaines circonscriptions. Toutefois, cela ne devrait pas changer le résultat global. Le vote stratégique est peu fréquent et se produit essentiellement là où les courses sont serrées. Je maintiens que mon hypothèse de répartition non proportionnelle des discrets devrait être appropriée mais elle ne change pas beaucoup l'estimation des intentions cette année.

jeudi 3 avril 2014

Où en sommes-nous: les discrets, les francos.

Bonjour,

Cette campagne est finalement pleine de rebondissements. Je n'ai pas écrit beaucoup parce que je manquais dramatiquement de matériel (sondages). Dès le début de la campagne, je me suis posée la même question qu'en 2012: Les sondages sont-ils susceptibles de sous-estimer le PLQ? En début de campagne, la réponse à cette question était relativement claire puisque, lorsqu'une victoire du Parti Québécois apparaît possible, la sous-estimation du vote pour le PLQ est presque automatique.

Qu'en est-il maintenant? Voyons d'abord l'évolution des intentions de vote depuis janvier, telles que publiées. Je n'ai pas fait d'analyses statistiques parce que je considère qu'il n'y a pas assez de sondages pour le faire. Il s'agit donc simplement de courbes lissées à partir des résultats des divers sondages (les points sur le graphique).



Au moment du déclenchement de la campagne, le PLQ et le PQ apparaissaient à égalité dans les sondages alors que la CAQ était loin derrière. La première phase de la campagne a amené le PLQ à monter aux dépens du PQ. Les derniers sondages attestent d'une stabilisation des intentions de vote pour le PLQ, d'une poursuite de la baisse des intentions de vote pour le PQ et d'une remontée de la CAQ. Cette évolution amènerait le PLQ à 40%, le PQ à 29% et la CAQ à 19%.

Ces estimations sont-elles biaisées?
Lors des élections précédentes, j'ai fait des estimations avec une répartition non proportionnelle des discrets (incluant tous ceux qui ne révèlent pas une intention de vote) qui attribuait 50% de ces derniers au PLQ, 25% au PQ et 25% à la CAQ. Aucun discret n'est attribué aux petits partis. Entretemps, mes recherches ont montré que, outre le vote des discrets eux-mêmes, deux facteurs supplémentaires pouvaient expliquer la sous-estimation du vote PLQ. D'une part, la participation des électeurs du PLQ est plus forte lorsque des enjeux les mobilisent. L'enjeu habituel est la peur d'un gouvernement majoritaire du Parti Québécois et d'un éventuel référendum. A cet enjeu s'est ajoutée la mobilisation des opposants à la Charte. Il est donc plausible de penser que les électeurs du PLQ se mobiliseront plus que d'habitude. Par ailleurs, d'autres recherches ont montré une tendance des électeurs qui votent pour les partis susceptibles de prendre le pouvoir à aller voter plus que les autres. Cette tendance avantage le PLQ à ce moment-ci de la campagne.

D'autres facteurs sont susceptibles d'entraîner une sous-estimation du PLQ et de la CAQ, soit le fait que la plupart des sondages sont des panels WEB et que ces derniers surestiment très fréquemment la gauche (même si cela ne s'est pas encore produit dans les élections québécoises). De plus, en 2007, l'ADQ avait été sousestimée. La répartition non proportionnelle que je propose permet également d'accorder un peu plus de vote à l'ADQ.


Ceci dit, étant données les intentions de vote actuelles, la répartition non proportionnelle des discrets proposée change peu de choses. Elle donne un peu plus de points au PLQ et à la CAQ aux dépens du PQ. Voici le graphique.


Le PLQ se retrouverait donc à 41%, le PQ à 28% et la CAQ à 20%. Lorsque j'entre ces chiffres dans le simulateur de "Si la tendance se maintient", j'obtiens 74 sièges au PLQ, 44 au PQ, 5 à la CAQ et 2 à Québec solidaire.  Il reste à voir le dernier Léger et, qui sait, un sondage Forum. Je referai l'exercice lorsque ces résultats paraîtront.

Le vote des francophones

Un dernier mot sur les "francophones". J'ai eu des nombreuses discussions sur ce qui apparaît comme des estimations contradictoires ou à tout le moins des surprenantes du vote des francophones. Il faut d'abord noter que le terme "francophones" ne veut pas nécessairement dire la même chose selon les firmes. Pendant longtemps, CROP utilisait la langue d'usage alors que Léger se fiait plutôt sur la langue maternelle. Les deux firmes utilisent maintenant la langue maternelle. Les firmes ontariennes quant à elles ont souvent utilisé la langue d'entrevue et ne font généralement pas de pondération ou de correction pour que la proportion de francophones soit bien représentée dans les sondages ce qui les a souvent amenées à surestimer les intentions de vote pour le PQ ou le Bloc.

Dans les circonstances, si on met les estimations du vote des francophones de toutes les firmes ensemble, on obtient des estimations variables. Toutefois, ces estimations varient surtout pour le PLQ alors qu'elles sont relativement cohérentes pour les autres partis. Ceci peut refléter la difficulté d'avoir une bonne estimation du vote PLQ chez les francophones étant donné la concentration régionale de ce vote.


Il demeure que le graphique illustre la tendance à une chute des intentions de vote pour le PQ après le "sursaut" de février et à une hausse des intentions de vote pour le PLQ. Les intentions de vote pour la CAQ quant à elles ont d'abord diminuées. Elles sont en remontée depuis deux semaines, ce qui permet à la CAQ de revenir à son niveau du début de janvier.



Au plaisir

mardi 1 avril 2014

Montréal, la Charte et le vote

Bonjour,

Voici le lien à l'article dans La Presse d'aujourd'hui où j'analyse l'évolution conjointe des appuis à la Charte de la laïcité et des intentions de vote depuis septembre 2013.

Montréal, la Charte et le vote, La Presse, 1er avril 2014

Pour compléter cet article, quelques graphiques et des informations complémentaires. D'abord, l'évolution des appuis à la Charte (lignes pointillées) et de l'intention de vote pour le Parti Québécois (lignes pleines) chez les francophones. Les informations pour la région de Montréal sont en bleu alors que celles pour le reste du Québec sont en mauve.

On voit qu'après une hausse de 10 points en octobre, l'appui à la Charte est demeuré stable depuis tant chez les francophones de la région de Montréal que chez ceux du reste du Québec. Par contre, alors que chez les francophones du reste du Québec, l'intention de vote pour le parti Québécois est demeurée stable, dans la région de Montréal, on note une hausse importante en février. Cette hausse est suivie d'une baisse en mars, baisse qui s'est poursuivie par la suite si on se fie aux autres sondages publiés par après (voir plus loin).

Certains ont noté que l'appui à la Charte est plus élevé chez les franco-Montréalais que chez les francophones hors Montréal. Il s'agit d'une situation qui s'explique par le fait que la diversité se vit surtout dans la région montréalaise. C'est donc dans cette région que la population peut la considérer plus nécessaire. Rappelons que l'appui général à la Charte est influencé par l'appui à une majorité de propositions qui font consensus chez tous les partis politiques. De fait, le sondage CROP de février montre que c'est dans la région de Montréal que les répondants - francophones comme non francophones - sont les plus susceptibles de dire que le débat sur la Charte influencera leur vote. Au final toutefois, l'influence nette apparaît neutre pour le Parti Québécois. Il est plausible de penser que, s'il est allé chercher des appuis chez certains francophones, il a en même temps perdu des intentions de vote chez les francophones opposés à la Charte et chez les non-francophones.





Le graphique suivant illustre l'évolution des intentions de vote pour l'ensemble de la région de Montréal, telle qu'estimée par tous les sondages. Comme le précédent, il montre une stabilité des intentions de vote pour le Parti Québécois à l'automne et une montée importante de ces intentions de vote en février 2014, confirmée par trois sondages. Toutefois, cette hausse a été de courte durée puisque les sondages suivants montraient les intentions de vote pour le Parti Québécois au même niveau qu'à l'automne. Il s'agit donc d'une hausse conjoncturelle. Les prochains sondages permettront de voir si la situation a changé. L'absence de sondages depuis 10 jours ne nous permet pas de bien saisir l'évolution des intentions de vote.



 En conclusion, il faut bien sûr attendre les derniers sondages. Il faut également se demander, comme lors des élections précédentes si les sondages sont susceptibles de sous-estimer le vote pour le PLQ. Mon prochain billet inclura les derniers sondages et se penchera spécifiquement sur cette question.

Au plaisir